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Le Blog de Philippe 2759
3 août 2013

Pascal Janin, l'aumônier de l'EPSM devenu prêtre des carnavaleux

Article de 2011, donc un peu vieux, mais tellement vrai et tellement pour moi, une belle façon d'être prêtre. Tous les ans, lors de nos vacances dans le Nord, nous le voyons en messe, c'est un prêtre qui nous inspire.

 

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D'origine lyonnaise, le prêtre Pascal Janin est arrivé à Bailleul en 2000. L'évêque venait de lui confier une tâche particulière : être l'aumônier de l'établissement public de santé mentale (EPSM) des Flandres. Dans la cité de Mélusine, Pascal Janin a aussi découvert la tradition du carnaval. En 2006, il a animé la première messe des carnavaleux.

« Si le vin est remplacé par de la bière, ça ira quand même. » Si le prêtre Pascal Janin sourit peu, il a sans aucun doute un sacré sens de l'humour. C'est en 2006 que l'homme d'Église a prêché lors de la première messe des carnavaleux. Célébrer la foi catholique en face d'une assistance en bas résille, perruques multicolores, clowns et pingouins. Image saisissante... Pipe à la main, confortablement installé dans un fauteuil à l'arrière de la chapelle de l'EPSM, Pascal Janin se souvient : « La première année, au bal du samedi soir, je me suis quand même dit : "Ouh la la, tout ce monde à la messe demain... Qu'est-ce qu'on est en train de faire ?". » « C'est très décalé mais il y a toujours un très grand respect », explique Gilles Blaevoet de la Société philanthropique. Pas si décalé que ça, pour Pascal Janin, qui hausse les sourcils au-dessus de ses lunettes à large monture : « Il n'y a plus de grades, on est tous frères, le carnaval, c'est très évangélique ! »

« La folie flirte avec la foi »

Il faut dire que l'homme de 46 ans, qui confie qu'il n'aurait « pas pu être curé de paroisse. Il faut s'organiser, ce n'est pas pour moi ! », transmet une image de l'Église, loin de celle, sage, des bonnes actions. « Dieu est un dieu de l'excès !

 », clame-t-il. Et d'ailleurs Jésus adorait ripailler, se plaît-il à souligner malicieusement. « Jésus est toujours en train de manger avec les pêcheurs. On décrit le paradis avec des viandes grasses et des vins capiteux... Le carnaval, c'est s'amuser avant le carême. Et n'oublions pas que Rabelais était prêtre ! » Alors dans la ville de Gargantua... N'y voyez-là aucune récupération chrétienne. D'ailleurs Pascal Janin ne s'attribue aucunement la paternité de la messe des carnavaleux. « C'est venu des patients qui, à la fin d'une messe, ont fait une farandole. Je me suis dit voilà que les fous nous montrent la voie. C'est un bel exemple de ce qu'est la psychiatrie dans le secteur : les patients ont permis que se fasse un temps qui a été très vite adopté par les carnavaleux. Aujourd'hui, l'église est toujours pleine à craquer... » À la queue leu leu dans la sacristie, pour Pascal Janin, tout est normal.

Parce qu'après tout, fous ou carnavaleux, où est la frontière ? « Au Moyen-Âge, le carnaval, c'était la fête des fous », rappelle Pascal Janin. Et il aime à citer cette phrase : « Ceux qui sont dans les hôpitaux, c'est ceux qui ont raté leur folie.

 » Ainsi pour lui, tout est lié, carnaval et folie, carnaval et religion et même folie et religion. Voilà peut-être aussi pourquoi, passionné de philosophie, il s'épanouit autant dans sa fonction d'aumônier de l'EPSM : « La folie flirte avec la foi. Certains ne supportent pas que je dise ça mais ce n'est pas grave... Beaucoup de saints ont été atteints de pathologie mentale. Regardez Thérèse de Lisieux. L'amour est toujours fou et le coeur de la foi, c'est l'amour de Dieu. »

Convivialité

Aujourd'hui, on le sent, il a pleinement embrassé ses missions, assumant leurs difficultés : « On est dans un lieu très particulier.

On ne peut pas parler, annoncer l'Évangile, de la même manière. Quand les patients sont en crise, je ne les vois pas. Tous les mois, nous avons une réunion avec les aumôniers en psychiatrie de la région. On réfléchit sur tel ou tel cas qui pose problème. On avance toujours à tâtons, on est parfois démunis. Mais ça nous réapprend que Dieu n'est pas magicien. » Et le prêtre, à la liberté de parole désarmante, n'hésite pas à livrer le fruit de ses réflexions : « Depuis que je suis là, ma tâche a changé car l'hôpital a changé. Aujourd'hui, on délocalise. Mais en même temps, il y a ce discours sécuritaire de plus en plus à la mode et insupportable.

Aujourd'hui, il faut relire les philosophes Deleuze et Foucault ! » Sa tâche, écouter les patients, bien sûr, et il célèbre deux messes par semaine auxquels les Bailleulois peuvent assister. « On a beaucoup de chances à Bailleul car l'EPSM est très bien intégré à la ville. L'hôpital a été une mère nourricière. » Et après dix ans de vie flamande, Pascal Janin lance : « Je n'ai pas l'air heureux, là ? » D'autant que pour lui, « je ne suis pas le seul à le dire, le carnaval contribue à une convivialité à Bailleul et on en voit les fruits toute l'année. Pendant une semaine, la joie domine sur toutes les oppositions, les différences»

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PUBLIÉ LE 06/03/2011 À 04H10

PAR RAPHAËLLE REMANDE

hazebrouck@lavoixdunord.fr

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